Page d'histoire n°1 : Les prémices de la fédération parisienne


Si l'on veut conter l'histoire de la fédération, il faut remonter à celle des corporations et du compagnonnage qui nous ramène au Moyen-Âge et à l'âge d'or des Cathédrales...
L'édification de ces gigantesques monuments religieux a amplifié les mouvements de regroupement en organisations d'ouvriers et d'artisans, les corps de métiers. Alors qu'au Moyen-Âge, on parle de compagnonnage pour désigner ces corps de métiers, qui voyagent à travers l'Europe pour répondre aux projets architecturaux, qui sortent de terre sous tout le continent, une évolution apparaît sous l'Ancien Régime ancrant les communautés de bâtisseurs, notamment les maçons aux cités de l'époque. Ainsi, les métiers s'organisent en corporation possédant un siège, voir un quartier dans chaque ville. On ne parle plus de compagnonnage que pour désigner ce mode d'apprentissage rituel du métier d'ouvrier ou d'artisan, qui amène l'apprenti ou le compagnon à voyager pour apprendre auprès de différents maîtres. A Paris, ville d'importance stratégique et urbaine, et comme dans la plus part des grandes villes, les corporations sont puissantes et influentes depuis qu'elles possèdent le privilège des secteurs. En effet, par exemple seuls les entrepreneurs maîtres-maçons possèdent le droit d'entreprendre des ouvrages de maçonneries.

Fort de ce sentiment de corps, renforcé encore par l'entretien d'une mythologie à l'origine de la franc-maçonnerie, ainsi que de leur puissance économique et politique, les corporations du monde du bâtiment inquiète le pouvoir. Elles seront réprimées durant la seconde moitié du XVIIIe siècle. Face à cette répression, le compagnonnage fixe des règles plus précises et renforce sa fraternité de corps. Elle possède alors la force de lancer les premiers mouvements de grève pouvant priver un chantier de ces ouvriers. A Paris, le corps des bâtisseurs participe à la révolution de 1789. Mais la force de ce corps de métier continue de faire peur à la bourgeoisie qui sort gagnante de la chute du régime monarchique. En mars 1791, les décrets d'Allarde suppriment les corporations, la loi Le Chapelier du 14 juin interdit les coalitions et réaffirme la fin des corporations. Le compagnonnage tombe alors dans la clandestinité. 

C'est sous l’appellation de "bureau" que les groupements d'entrepreneurs refont surface. Les charpentiers sont suivis par les maçons et officialisent leur existence après avoir reçu l’autorisation du préfet de Police en 1807. Ils prennent résidence au 131 rue de la Mortellerie, actuellement rue de l'Hôtel de Ville. Les deux bureaux existent en marge de la loi, bien que l'Etat tolère tacitement leur existence, trouvant son intérêt dans ce rassemblement. Très vite, d'autres corps de métiers suivent et s'installent rue de la Mortellerie. Les bureaux déménagent au 9 de la rue du Renard-Saint-Sauveur en 1836, puis au numéro 16 de la rue du Grenier-Saint-Lazare. A chaque déménagement, ils réaffirment leur volonté de rester solidaire les uns des autres.

Dans cette période turbulente de l'histoire de France, le poids de ce rassemblement s'est amenuisé et il leur est difficile de porter leur voix sur la scène politique et professionnel. Mais la révolte des Canuts, en novembre 1831 marque un tournant. Les tisserands de soie lyonnais ont prouvé que les ouvriers pouvaient faire entendre leur revendication et si les différents corps se réunissent, c'est avant tout pour se défendre.

Dès 1839, des actions concertées sont menés par les bureaux et très vite la nécessité de se structurer et de créer des organes de direction et de représentation auprès de l'Etat s'est fait sentir. Malheureusement, aucun accord n'arrive sur la table. Une première tentative échoue en 1840, qui se réitérera en 1849.