Page d'histoire n°2 : Les premières pierres du Syndicat Général de l'Entreprise du Bâtiment


Le milieu du 19ème siècle et ses agitations politiques vont pousser les "bureaux" à se rassembler et à créer le Syndicat Général de l'Entreprise du Bâtiment, qui participera à de nombreuses révolutions dans le secteur du bâtiment dans les débuts du 20ème siècle.
Alors que Louis-Philippe est chassé du trône en février 1848 et la République Provisoire est proclamée à la fin du mois. Les Chambres déménagent le même mois pour le numéro 13 de la rue de la Sainte-Chapelle. Tous les bureaux emménagent dans l'année qui suit. La nouvelle constitution offre le droit de s'associer et de se rassembler ; l'article 13 invite à l'association volontaire. Fort de ses nouveaux droits, les bureaux réunis le 21 mars 1851 prennent la décision de créer le Groupe de la Sainte-Chapelle. Le règlement précisant les modalités de la tenue des séances seul ne suffirait pas, il est indéniable pour les participants que seule la création d'une instance fédératrice pourrait garantir ce règlement. C'est donc assez logiquement que le 17 mars 1853, la première pierre à l'édifice du Syndicat général de l'entreprise du Bâtiment soit posée. La structure officieuse, les règles tacites qui préexistaient n'ont plus qu'à s'officialiser. L'organisation interne et le fonctionnement se mettent en place très rapidement.

Louis-Napoléon Bonaparte et son coup d'État du 2 décembre 1852 fragilisent le droit de s'associer et de se réunir. Cela n'empêchera le Syndicat de continuer à se développer et de revisiter ses statuts une première fois en 1859 et une seconde fois en 1872. Le Groupe de la Sainte-Chapelle conseille et travaille avec le Conseil Municipal de la Ville de Paris. Par ailleurs, une grande réflexion sur les projets de loi concernant le bâtiment est menée au sein du Syndicat Général.

L'idée d'acquérir un terrain pour y construire les locaux du Syndicat général apparaît au cours de l'année 1868. Une commission est chargée de présenter un projet et au mois d'août de la même année une société immobilière est créée. Mais il faudra attendre 1871 pour que le Groupe emménage dans un hôtel particulier, situé au n°3 de la rue de Constantine, qui se verra rebaptiser Rue de Lutèce.

La loi du 21 mars 1884 relative à la liberté des syndicats et la loi du 1er juillet 1901 sur la liberté d'association  ont permis au Groupe de la Rue de Lutèce de jouer un rôle de plus en plus important dans le secteur du bâtiment. Ces nouvelles législations successives ont poussé le Syndicat Général à réviser ses statuts pour s'harmoniser avec les modifications une première fois en 1892 et une seconde en 1904. Cette dernière place le Groupe de la Rue de Lutèce sous la loi qui régie les associations. Le Syndicat Général est rebaptisé Groupe des Chambres du Bâtiment et des Industries diverses et établit le principe de la proportionnalité réduite dans la représentation.

Fort de son nouveau statut officiel, le Groupe de la Rue de Lutèce se réunit avec d'autres syndicats professionnels du Bâtiment fondant alors la Fédération Nationale. Dès l'année 1904, le congrès de Lyon rassemble les représentants des Fédérations de la Région Parisienne, Nord-Ouest, Sud-Ouest, Est et Sud-Est. Si l'union fait la force, chaque fédération garde son identité propre et représente une force de proposition unique au sein de la Fédération Nationale. Le Groupe de la Rue de Lutèce présente en 1904 un projet de journal spécialisé. Le projet est lancé et il est décidé d'une parution tous les dimanches. En Janvier 1905, les premiers chiffres concernant "Le Moniteur de l'Entreprise et de l'Industrie" et du "Moniteur des Syndicats patronaux", les deux journaux de la Fédération, sortent et sont très prometteurs. C'est aussi en 1905 que le Groupe décide de mettre en place un système de placement chez les adhérents pour faciliter le recrutement de main-d'oeuvre.

En avance sur les questions d'accident du travail et en matière sociale, le Groupe de la Rue de Lutèce décide pro-activement de participer au financement de la reconstruction de la France d'entre-deux guerres en créant dès décembre 1919 la Banque Corporative du Bâtiment et des Travaux Publics. Cet organisme de crédit deviendra la BTP Banque à la suite de sa complétion par l'Auxiliaire Immobilière et Financière du Bâtiment et des Travaux Publics en 1926.